Maryse Bastié, la féministe aux multiples records
Née en 1898 à Limoges, cette petite ouvrière en usine de chaussures a connu une vie trépidante. C'est son mari, le pilote Louis Bastié, lui a fait découvrir le monde de l'aviation. En septembre 1925, elle obtient son brevet de pilote à l'aéroport de Bordeaux-Teynac et une semaine après, elle passe avec son avion sous les câbles d'un pont de la ville.
Montée à Paris, après la mort de son mari dans un accident d'avion, la jeune femme donne des baptêmes de l'air, fait de la publicité aérienne, obtient un poste de pilote professionnel et s'attaque à tous les défis, comme le relate le site internet de la ville de Bron, là où elle va trouver la mort.
En 1929, elle gagne le record féminin de durée avec un vol de 26 h 48, puis de 37 h 55 un an plus tard. En 1931, elle bat celui de distance en monoplace, sur un vol Paris-Moscou en 30 h 30. Année après année, son palmarès s'étoffe : endurance, avions légers, longue distance, record féminin toutes catégories.
En 1936, elle réussit à traverser en solitaire l'Atlantique sud, reliant Dakar à Natal, au Brésil, alors que trois semaines auparavant, Mermoz s'était perdu en mer en tentant le même exploit.
Le 5 mai 1939, Maryse Bastié est interviewée par Jacques Pauliac pour "Le Journal". L'article s'intitule « Voler c'est merveilleux déclare Maryse Bastié mais que ne suis-je un homme » Elle y parle de son souhait de voir une « phalange féminine » créée au sein de l'Armée de l'Air, en cas de guerre. Le lendemain, un pamphlet intitulé « Les Amazones de l'Air » la pique au vif : il y est dit, en substance, que les femmes ont mieux à faire que de partir à la guerre. Maryse Bastié use d'un droit de réponse le 15 mai 1939 qui est publié in extenso sous le titre « Les femmes et la guerre ». Elle va se battre toute sa vie contre la misogynie qui règne dans le milieu de l’aviation.
En 1940, elle veut voler pour défendre le pays, mais cet honneur est refusé aux femmes. Elle décide alors d'entrer à la Croix-Rouge et sillonne les routes bombardées, pour secourir les réfugiés.
Plus tard, elle rejoint la Résistance. Sous le couvert de son poste d’ambulancière, elle se déplace en zone interdite et glane de précieux renseignements.
En 1944, le général de Gaulle autorise enfin les femmes à rejoindre l’armée de l'Air, mais uniquement les meilleures pilotes. Maryse Bastié est engagée, mais deux ans plus tard, créditée de 3000 heures de vol et du grade de capitaine de l’armée de l’Air, elle renonce à ses ambitions de pilote militaire.
Considérant que pour être membre de l’APNA il faut jouir de ses droits civils et comme les femmes sont maintenant électrices, rien ne semble s’opposer à ce que satisfaction leur soit donnée. En limitant l’accès à celles qui gagnent leur vie dans le métier et ont un employeur. Le 21 décembre 1944 sont admises les femmes au sein de l’APNA dont Maryse Bastié
À la libération, elle sera promue dans l'Ordre de la Légion d'Honneur à titre militaire.
En 1951, on lui confie la direction des relations sociales au centre d’essais en vol de Brétigny. Elle ne pilote plus mais accompagne en vol ceux qui ont pris la relève. C'est le 6 juillet 1952, au meeting aérien à l'aéroport de Lyon-Bron, qu'elle trouve la mort dans l'accident du prototype, où elle avait pris place en tant que passagère.
Maryse Bastié est enterrée au cimetière du Montparnasse à Paris.